fants sont employГ©s dans les fabriques Г dГ©vider la laine et le coton. Autant dire que l'instruction est quasi inexistante, la frГ©quentation d'une Г©cole impossible ... La combativitГ© n'est pas trГЁs dГ©veloppГ©e, la conscience de classe inexistante ... Des caves de Lille aux taudis de la CitГ©, l'insalubritГ© de l'habitat ouvrier est gГ©nГ©rale. Le docteur Menuret le constate en 1804. "
Stendhal a conscience Г la fois de l'injustice faite au peuple et de sa propre impuissance Г changer cette situation. D'oГ№ son repli sur les "happy few". Ce qui n'empГЄche pas dans son oeuvre, l'Г©crivain de prendre parti, et dans Le Rouge et le Noir de tГ©moigner pour "cette classe de jeunes gens qui, nГ©s dans une classe infГ©rieure et en quelque sorte opprimГ©e par la pauvretГ©, ont le bonheur de se procurer une bonne Г©ducation et l'audace de se mГЄler Г ce que l'orgueil des gens riches appelle la sociГ©tГ© ".
Mais les "happy few", je l'ai dГ©jГ notГ©, ne se recrutent pas seulement dans les couches sociales privilГ©giГ©es ou mГЄme parmi ceux, comme Julien, qui ont eu "Le bonheur de se procurer une bonne Г©ducation". La vГ©ritable noblesse pour Stendhal c'est celle du coeur. Quel est, dans sa jeunesse, l'homme pour lequel il Г©prouve le plus d'estime? C'est le valet de chambre de son grand-pГЁre. p> Le Grenoblois qui lui paraГ®t le plus noble? Un ancien laquais. Avec qui se lie d'amitiГ© le jeune Fabrice au chГўteau de Grianta? Avec les hommes d'Г©curie. Qui est Ferrante Palla, conspirateur et voleur de grand chemin? "L'homme sublime" de La Chartreuse. p> Et lorsque Stendhal dГ©clare abhorrer ce que l'on appelle de son temps "la canaille", ce jugement est singuliГЁrement tempГ©rГ© par l'admiration qu'il Г©prouve pendant les trois Glorieuses pour le courage et la grandeur du peuple, "hГ©roГЇque et plein de la plus noble gГ©nГ©rositГ© aprГЁs la bataille ".
Quelles que soient les différences de génie, de tempérament, de vocation entre le dilettante de la chasse au bonheur et un philosophe comme Karl Marx, on ne peut qu'être frappé - et je l'ai été depuis longtemps - par la similitude de l'analyse de la monarchie de Juillet et que l'on retrouve dans le Lucien Leuwen d'Henri Beyle, et Les Luttes de classes en France de Karl Marx. p> L'horreur du "vague" chez Stendhal nous vaut une analyse singulièrement précise de la monarchie de Juillet. Lucien Leuwen est une des plus violentes critiques, faite par un romancier, de la société dominée par l'argent. p> Il s'agit d'une société déterminée, dominée par l'aristocratie financière à une époque elle-même déterminée, celle de Louis-Philippe et de l'hégémonie de cette fraction de la bourgeoisie française dont parle Marx.
Laffitte c'est le banquier Leuwen, pГЁre du hГ©ros.
Il est admirable que Sten...
